L’ASC répond à l’article intitulé « Saumon : Les failles du label ASC qui prône un élevage « responsable », publié dans l’édition web du Monde le 14 octobre 2024
novembre 14, 2024
L’ASC a identifié de nombreuses inexactitudes et des commentaires trompeurs dans l’article intitulé « Saumon : Les failles du label ASC qui prône un élevage « responsable », publié dans l’édition web du Monde le 14 octobre 2024.
Le titre à charge et le ton de l’article sont basés sur des données et des opinions de sources tierces non citées, qui n’ont pas fait l’objet de recherches ou de vérifications indépendantes. L’article contient plusieurs erreurs importantes concernant les détails techniques de nos référentiels, qui doivent être corrigées afin de ne pas induire les lecteurs en erreur.
Le Monde n’a pas reconnu ni mis en évidence de manière transparente les erreurs commises dans l’article original. Le Monde s’est contenté de rectifier une version indiquant que « certaines “formulations” ont été modifiées pour refléter plus précisément le référentiel ASC ».
Ce manque de vérification des faits et de compréhension du fonctionnement de l’ASC a donné lieu à un article incorrect, déséquilibré et injuste qui compromet la crédibilité de nos référentiels et porte atteinte à la réputation de l’ASC.
En plus des erreurs factuelles, l’article donne une image biaisée du fonctionnement de notre système d’assurance robuste, en se concentrant sur un très petit échantillon d’audits parmi plus de 800 audits réalisés chaque année par des auditeurs indépendants dans les fermes de saumon certifiées ASC.
Pour s’accorder au narratif critique de l’article, des exemples de rapports d’audit ont été sélectionnés pour suggérer que les fermes certifiées ASC échapperaient aux non-conformités, ce qui est incorrect. En réalité, le processus d’audit indépendant est essentiel pour identifier les problèmes et encourager le changement et l’amélioration, car les éleveurs sont tenus de mettre en œuvre des mesures correctives pour se conformer à nos critères exigeants. Ce processus d’audit transparent est réalisé par des auditeurs indépendants, qui sont à leur tour contrôlés par l’organisme mondial Assurance Services International. Tous les résultats d’audit sont accessibles au public sur notre site internet.
Le titre de l’article accuse l’ASC de « failles ». Bien que nous reconnaissions qu’aucun système n’est parfait, cette évaluation n’est pas basée sur des études ou des analyses publiées, mais plutôt sur des inexactitudes et sur le point de vue du journaliste.
La nature sélective et déséquilibrée de l’article ne rend pas justice au travail et à l’impact positif de l’ASC sur les communautés et la planète. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2023, l’ASC a apporté plus de 3 000 améliorations en matière de responsabilité sociale et plus de 4 300 améliorations en matière de durabilité environnementale dans l’ensemble de la filière aquacole (Rapport d’impact 2023). L’impact de notre programme et de nos collaborations dans cette filière est également attesté par plusieurs des objectifs de développement durable des Nations unies.
L’un de nos plus grands succès est de pouvoir, grâce à notre programme de certification, donner accès aux consommateurs en France et à travers le monde à des produits de la mer issus de fermes aquacoles respectueuses de l’environnement, des droits humains, et de la santé animale. En choisissant le label ASC, les consommateurs peuvent participer activement à l’amélioration de la filière, puisque tous les bénéfices que nous réalisons sont réinvestis dans le programme. Cet article compromet le travail de l’ASC et les valeurs de notre label, et peut amener les consommateurs à penser que cela ne fait aucune différence qu’ils achètent des produits labellisés ou non, ce qui met en péril tous les efforts déployés tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
L’article ne reconnaît pas que l’ASC est largement reconnue comme la principale ONG spécialisée dans l’aquaculture, la santé et le bien-être des poissons, et comme le programme de certification le plus reconnu au monde pour l’aquaculture responsable. Nous travaillons en étroite collaboration avec Compassion In World Farming (CIWF) et d’autres ONG spécialisées. SeaChoice, une ONG critique des programmes de certification, a reconnu l’ASC comme le label de certification aquacole le plus responsable et le plus transparent.
Les lecteurs du Monde s’attendent légitimement à de la rigueur et une analyse éclairée. Un article juste et équilibré doit refléter le point de vue de la filière et de l’ASC, qui croit fermement que la production aquacole peut et doit s’améliorer. C’est un processus d’amélioration continue guidé par la mission et la vision de l’ASC, les critères stricts de notre programme, et notre système d’assurance solide. Sans notre ambition et notre rigueur, les impacts tangibles décrits précédemment ne seraient pas possibles et les consommateurs à la recherche d’alternatives responsables auraient moins de choix dans les supermarchés.
Nous invitons les lecteurs du Monde à visiter notre site internet à l’adresse www.asc-aqua.org pour découvrir notre programme et ses impacts.
Corrections des déclarations faites dans l’article original
Le label ne fixe aucune règle en matière de densité des élevages
L’article ne reflète pas fidèlement notre approche de la densité.
Conformément aux dernières avancées scientifiques, l’ASC n’impose pas de limite métrique de densité d’élevage pour les poissons. La densité est un sujet complexe en matière de bien-être aquacole, et la communauté scientifique s’accorde à dire qu’elle ne doit pas être utilisée comme un indicateur de bien-être unique. Plusieurs études suggèrent que lorsque la densité d’élevage est gérée conjointement avec d’autres paramètres environnementaux et opérationnels (par exemple, la qualité de l’eau, l’alimentation, les niveaux d’oxygène), des densités élevées peuvent encore favoriser de bonnes pratiques de bien-être en fonction de l’espèce et du système de production.
L’ASC dispose de critères pour une large gamme d’espèces, allant du barramundi tropical, au saumon et à la crevette, chacune ayant des besoins spécifiques en matière de bien-être. Cette diversité et cette complexité rendent une approche « universelle » inadaptée pour aborder la question du bien-être animal.
Notre nouveau Référentiel Ferme adopte une approche plus holistique, la densité étant l’un des nombreux éléments à prendre en compte dans le Plan de Gestion de la Santé et du Bien-être des poissons. L’ASC exige l’évaluation de la densité d’élevage à travers plusieurs indicateurs opérationnels de bien-être (qualité de l’eau, évaluation morphologique, évaluation comportementale et mortalité) qui peuvent être utilisés comme indicateurs indirects.
Si une tendance négative est observée sur ces indicateurs, la ferme doit évaluer ses opérations d’élevage, y compris la densité d’élevage, et les ajuster en conséquence.
Le label plafonne théoriquement la mortalité dans les bassins à 10% des individus
Ce seuil de 10 % s’applique spécifiquement aux mortalités causées par les maladies virales. L’ASC fixe des seuils stricts pour la mortalité inexpliquée et la mortalité due aux maladies virales (inférieurs ou égaux à 10 %) afin d’assurer que les fermes gèrent efficacement la santé des poissons et minimisent les cas de mortalité évitables. L’ASC exige des fermes certifiées de surveiller les taux de mortalité et de mettre en œuvre un programme de réduction de la mortalité, vérifié sur site par des auditeurs indépendants. En outre, toutes les mortalités inexpliquées doivent faire l’objet d’analyses post-mortem afin d’anticiper tout risque d’épidémie.
Commentaires sur les rapports d’audit relatifs aux taux de mortalité et aux évasions
Il est important de noter que le processus d’identification et de correction des non-conformités entraîne des améliorations qui, autrement, n’auraient peut-être pas été mises en œuvre.
Il est trompeur de dire que l’ASC a permis à une ferme de continuer à fonctionner avec un taux de mortalité de 27%. Il est important de préciser que l’ASC n’évalue pas les fermes et ne délivre pas de certificats. Elle fonctionne selon un modèle de certification tierce-partie, avec un organisme de certification accrédité et indépendant, qui réalise tous les audits des fermes afin de déterminer si elles respectent les critères des référentiels ASC. C’est l’organisme de certification qui délivre le certificat une fois que la ferme a été jugée conforme au référentiel ASC.
L’article remet en question le renouvellement des certificats de deux fermes certifiées, l’une de laquelle près de 20 000 saumons se sont échappés à la suite d’une avalanche, et l’autre dont le certificat a été renouvelé en 2023 malgré la perte de 9 000 jeunes saumons lors d’un transfert. Les deux fermes ont été auditées par des auditeurs indépendants qui ont enquêté sur les incidents et examiné les mesures correctives mises en place par les fermes pour limiter les évasions. Les auditeurs ont conclu qu’il s’agissait d’épisodes exceptionnels et imprévisibles et ont renouvelé les certifications des deux fermes. Selon notre référentiel, les auditeurs peuvent invoquer des épisodes exceptionnels tels que des catastrophes naturelles ou des événements imprévisibles une fois tous les dix ans pour chaque ferme, ce qui permet d’éviter un recours excessif à cette clause.
Le label ne fixe aucune règle en matière de traitement chimique
Le Référentiel Saumon actuel comprend des critères relatifs à l’utilisation de pesticides, de traitements médicamenteux, et de produits chimiques, y compris des antibiotiques et des traitements contre les poux de mer, limitant le type, la quantité et la fréquence des traitements autorisés. Ces limites sont recommandées par des groupes de travail techniques composés de scientifiques, de vétérinaires et d’ONG. Pour réduire le risque de résistance aux antibiotiques, le Référentiel Saumon fournit des directives spécifiques sur la rotation des traitements médicamenteux et la quantité d’antibiotiques utilisés au cours du cycle de production. Seuls les vétérinaires peuvent prescrire des antibiotiques, et l’ASC n’autorise pas les traitements à base d’antibiotiques classés comme « d’importance critique » pour la santé humaine par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les produits labellisés ASC
Le label ne s’intéresse pas à l’impact carbone du saumon
Toutes les fermes de saumon certifiées ASC sont tenues de conserver un registre des intrants énergétiques de la ferme , documenter les émissions de gaz à effet de serre des aliments utilisés, et procéder à des évaluations régulières des émissions de gaz à effet de serre couvrant à la fois les aliments et les étapes du cycle de vie du produit. Le Référentiel Aliment ASC et le futur Référentiel Ferme de l’ASC contiennent également des critères visant à réduire les émissions de carbone des fermes et des fabricants d’aliments aquacoles.
Le soja pourrait provenir de la déforestation dans l’alimentation du saumon certifié ASC
Le Référentiel Saumon de l’ASC exige que 100 % des ingrédients à base de soja utilisés dans les aliments aquacoles soient certifiés par la Roundtable for Responsible Soy (RTRS) ou par une certification équivalente.
La traçabilité de la chaîne d’approvisionnement pourrait pourtant combler une partie des failles laissées par les grands labels internationaux..
Le Référentiel Chaîne de Garantie d’Origine est un cahier des charges de traçabilité et de ségrégation des produits certifiés et non certifiés, qui s’applique à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, depuis une ferme certifiée jusqu’au produit labellisé ASC que les consommateurs achètent au supermarché.
Chaque entreprise de la chaîne d’approvisionnement qui manipule et vend un produit labellisé ASC doit disposer d’un certificat de chaîne de garantie d’origine ASC valide. Ce certificat assure aux consommateurs et aux acheteurs de produits de la mer que les produits portant le label ASC proviennent d’une ferme certifiée responsable et engagée.