L’alimentation responsable du saumon
Une salmoniculture responsable ne consiste pas uniquement à minimiser les impacts dans et aux alentours de la ferme. La réduction de l’impact des aliments distribués aux saumons a également son importance.
Si notre Référentiel Saumon (Salmon Standard) prend déjà en considération plusieurs critères à l’approvisionnement responsable d’aliments aquacoles, l’enjeu nous parait tellement important que nous allons lancer cette année un Référentiel Aliments aquacoles (Feed Standard) à part entière et applicable à toutes les fermes certifiées ASC. Ce nouveau référentiel permet de prendre en compte l’impact de l’aquaculture de manière holistique en intégrant l’approvisionnement socialement responsable et respectueux de l’environnement d’aliments aquacoles dans les conditions d’obtention de la certification ASC. Pourquoi cet enjeu est-il si important ? Une des critiques les plus souvent entendues sur l’élevage de saumons est qu’ils consomment des protéines d’origine marine (provenant de poissons sauvages) et augmentent donc la pression halieutique sur les stocks.
Combien de poissons sauvages sont consommés par les élevages de saumons?
L’élevage de saumons consomme-t-il effectivement plus de poissons qu’elle n’en produit, comme on l’entend souvent ?
La part de pêches sauvages dans les aliments aquacoles diminue depuis les années 90, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), bien que la quantité de poisson sauvage nécessaire diffère selon les espèces et les fermes. Aujourd’hui, cette étude parue dans la revue scientifique Aquaculture de novembre 2020 révèle que pour le saumon, il faut en moyenne un kg de poisson sauvage pour l’élevage d’un kg de poisson d’élevage. On dit que cette espèce a un bilan neutre. Par ailleurs, lorsque des ingrédients issues de pêches sauvages sont utilisés, ceux-ci proviennent de plus en plus de produits secondaires de l’industrie du poisson, impropres à la consommation humaine. Aujourd’hui, jusqu’à 35 % des farines et huiles de poisson utilisés dans les aliments sont issus de ces sources secondaires (source : EFFOP, 2019). Cet aspect est pris dans compte dans les référentiels ASC pour diminuer au maximum l’impact environnemental des fermes aquacoles. Ainsi, dans les fermes de saumon certifiées ASC, la part des huiles et farines de poisson ne composait plus que 21% des ingrédients de l’aliment en 2018.
Ce ne sont d’ailleurs pas les seules bonnes nouvelles qui nous viennent de la FAO : les pêches sauvages éventuellement utilisées sont de plus en plus souvent issues de produits secondaires qui auraient autrefois été jetés – jusqu’à 35 % de la farine de poisson (l’ingrédient des aliments aquacoles dérivés du poisson) provient de ces sources (EFFOP, 2019). La FAO signale une « nette tendance à la baisse » dans l’utilisation de farine de poisson et d’huile de poisson dans les aliments aquacoles.
Comment l’ASC veille-t-il à une utilisation responsable d’aliments aquacoles ?
Tant que de la farine ou de l’huile de poisson est utilisée, le risque de surpêche existe malheureusement. Lorsque vous achetez du saumon d’élevage au supermarché, vous ne pouvez d’habitude pas savoir si le producteur a utilisé des aliments aquacoles issus de sources non durables.
C’est là que le label ASC entre en jeu. Celui-ci ne couvre pas seulement les impacts directs du poisson d’élevage : avec notre nouvel Référentiel Aliments aquacoles, toutes les fermes certifiées ASC doivent utiliser de la farine ou de l’huile de poisson provenant de pêches durables.
Ingrédients terrestres
La baisse de la consommation de farine et d’huile de poisson a généré d’autres critiques, telles qu’une dépendance excessive d’ingrédients comme l’huile de soja ou de palme, dont l’impact – terrestre lui – est aussi amplement documenté.
Actuellement, l’aquaculture a un impact limité sur les ingrédients terrestres par rapport à d’autres activités de production alimentaire. Selon une étude de 2014, environ 4 % des ingrédients terrestres utilisés dans la production animale sont destinés à l’aquaculture.
Bien entendu, ces chiffres ne permettent pas de relâcher les efforts, d’autant plus que l’aquaculture est un secteur en pleine croissance. Fruit d’une réflexion approfondie sur cette question, notre nouvel Référentiel Aliments aquacoles stipule que tous les ingrédients, terrestres ou marins, constituant plus de 1% d’un aliment aquacole doivent être traçables et issus de sources responsables. Nous partageons les préoccupations concernant, par exemple, l’utilisation non durable de soja et imposons à toutes les fermes salmonicoles certifiées ASC (en fait, toutes les fermes certifiées ASC) l’utilisation exclusive d’aliments aquacoles issus de fabriques capables de prouver la provenance durable de leur soja (…ou d’huile de palme, de riz, de canola etc.).